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La famille est un sujet compliqué pour nombre d’entre nous (et ce n’est pas moi qui affirmerais le contraire !). Cela fait quelques mois que je pense et réfléchis à écrire l’article ici présent.

J’ai longtemps pensé que ma famille serait comme un navire dont l’étrave saillante et inaltérable ferait face à toutes les tempêtes de vie. Je pensais que je pourrais inlassablement me ressourcer à l’intérieur du navire dans les moments de houle et d’agitation que j’allais vivre. Aujourd’hui, maintenant que je suis grande, je le vois différemment ce navire. Il a pris l’eau et n’offre plus la stabilité que j’observais à travers mes yeux de petite fille. Il y a trop de fissures et d’éclats au niveau de sa structure. La coque et la muraille tombent en ruine. La carène et la quille ne peuvent plus supporter le poids des tensions… En clair il vaut mieux aller en construire un autre !

Je pense que de nombreuses personnes traversent ces péripéties familiales sans oser en parler. Parce que l’image d’Épinal d’une famille transparaît aux yeux de tous comme soudée, bienveillante, heureuse, unie et fournissant un socle stable pour la croissance interne de chacun des membres et que si nous n’avons pas la chance d’évoluer dans ce cadre, nous avons peur de paraître “bizarre” ou “rejeté”. Mais nous sommes nombreux à nous trouver dans un cadre familial différent et à vouloir trouver des solutions pour continuer à être heureux en dehors de ce socle instable.

C’est mon cas et c’est tout le propre de cet article dans lequel je vous partagerais mon histoire, mon cheminement et mes prises de consciences en toute transparence. Peut-être que ce chemin fera écho à celui de certain d’entre vous ?

Alors à tribord toute et en avant pour la lecture !

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Faire face à une enfance instable

Je souhaiterais d’abord vous raconter mon parcours et mon enfance. Car souvent tout prend place lors de ce moment de vie si important pour le développement de l’être que nous allons devenir.

La stabilité familiale ne m’a finalement que très peu entourée. Très tôt déjà les aveux et explications de ma mère m’ont propulsé dans une histoire compliquée avec laquelle je devais composer pour le restant de ma vie.

“Tiens cadeau Sophie, voici ton héritage familial ! Mais la bonne nouvelle c’est que tu vas pouvoir apprendre à nager dans ce joyeux bordel et qu’après, tu sauras nager dans n’importe quel autre bazar quand tu seras grande !”

Petite Sophie.png

Moi petite au milieu d’un dîner de famille

L’impact de traditions familiales non choisies

Certaines traditions amènent des ressentis arides et douloureux dans les familles. Surtout lorsqu’elles séparent et divisent les êtres d’une famille plutôt que de les rassembler et qu’elles lysent toute liberté.

Il devient alors parfois difficile de contrer la fatalité de ces traditions familiales. On peut même les trouver injustes et n’avoir qu’un seul souhait : Grandir pour s’en affranchir !

Ma famille a des origines kabyle (élément important de mon histoire familiale). Ma mère fait partie d’une génération où les mariages arrangés étaient coutumes et habituels en Kabylie (ça l’est toujours mais un peu moins aujourd’hui). Elle a donc été mariée a quelqu’un qu’elle n’aimait fondamentalement pas : mon père ! (c’est que ça commence bien tout ça !)

Un jour elle dû prendre la décision la plus terrible de sa vie : laisser mon frère et ma sœur auprès de mon père en Algérie, pour me sauver moi (qui était encore dans son ventre) des griffes d’un père violant, alcoolique, et colérique.

C’est mon chemin de vie que d’avoir été sauvée par ma mère d’une vie pas très heureuse en Algérie. Je vous dis cela car je mesure de tout mon cœur la chance que j’ai eue, d’avoir pu naître dans ce pays qu’est la France. J’ai reçu une éducation libre (je pouvais sortir et côtoyer toutes les personnes que je voulais, avoir des amis garçons, aller à des fêtes…ma maman a été très ouverte à ce sujet) et j’ai pu aller à l’école, m’instruire et faire de longues études. Je ne voulais pas que ma mère regrette une seule seconde son choix et voulais briller à ses yeux. Justifier tous les sacrifices qu’elle avait pu réaliser pour que je puisse naître en sécurité. Elle m’a d’ailleurs donné un prénom français comme guise de cadeau de vie : “tu t’appelleras Sophie, comme la sagesse parce que tu seras une enfant sage consciente de ce à quoi elle a échappé” .

Je suis donc née en France sans père (je ne voulais d’ailleurs pas sortir de son ventre et me suis armée d’un corps de 4,8 k à la naissance un énorme bébé prêt à se défendre des potentielles attaques de mon père ! ). Longtemps je n’ai pas accepté cette injustice et je vivais avec la peur qu’un inconnu pouvait venir à tout moment me kidnapper dans la rue et me prendre pour partir vivre en Algérie (mon père a été pendant de nombreuses années à ma recherche).

Je me souviens m’être souvent prise à penser que j’avais été adoptée par ma mère. Que tout cela était un mensonge et que j’allais finir par connaitre la vérité. Mais c’était ça la vérité, ma vérité !

Mais voilà j’étais une enfant très sensible et très clairvoyante sur tout ce qui se passait autour de moi. Je sentais bien que les choses ne tournaient pas rond et que ma mère vivait avec une épée Damoclès sur la tête. D’ailleurs depuis l’âge de mes 1 an je préférais rester avec ma grand-mère, sentant l’instabilité de ma mère qui peinait à cacher ses larmes quotidiennes.

Ma mère a refait sa vie quelques années plus tard (j’avais 5 ans). Pour suivre les traditions familiales et ne pas faire d’éclat, ma mère s’est mis en ménage avec un homme qu’elle n’aimait pas vraiment. Elle a d’ailleurs mis du temps à avouer qu’elle n’était pas heureuse avec cet homme qu’elle avait choisi.

Résultat : les tensions étaient quasi permanentes à la maison et je n’arrivais pas à trouver ma place dans ce couple désuni.

Autre point important : Dans ma famille on exprime difficilement ses sentiments ! J’étais absolument contre cette règle que j’ai d’ailleurs rapidement modifiée une fois devenue adolescente. Encore aujourd’hui j’essaie de fréquemment dire à certains membres de famille que je les aime en leur envoyant un message en toute simplicité.

J’ai donc dû me forger une identité en ayant été amputée d’une moitié familiale. Je ne connaissais aucun membre de ma famille paternelle et je n’avais pu approcher mon grand-frère et ma grande-soeur qu’une seule fois… La barrière de la langue compliquait toute découverte et dialogue.

J’ai compris très tôt que malheureusement mon père, ma grande-soeur et mon grand-frère demeurerait de parfaits inconnus dans ma vie. Un terrible choc pour la petite fille que j’étais.

Développer son anima mea

Quand je dresse la rétrospective de mon histoire, je me dis que finalement tout cet héritage familial a été en quelque sorte une chance pour mon évolution intérieure.

Très tôt je me suis mise à me questionner. Il a fallu que je grandisse et développe mon anima mea (mon esprit). Le fait d’avoir été privée en quelque sorte d’une partie de ma famille m’a permis d’entreprendre une certaine quête de moi-même.

J’ai trouvé refuge dans l’introspection permanente, dans la lecture, l’écriture, les études aussi et des heures passées dans ma chambre (seule et en paix au milieu de toute cette cohue familiale) à réfléchir, penser, méditer.

J’étais pleine de questionnement :

  • “Pourquoi je n’avais pas de père ?”
  • “Pourquoi étais-je dans cette famille ?”
  • “Pourquoi avais-je été sauvée d’une vie compliquée en Algérie et pourquoi n’était-ce pas le cas de mon frère et ma soeur?”
  • Pourquoi ma mère avait-elle choisie de tout quitter une fois enceinte de moi ?
  • Allait-elle me faire payer ses choix plus tard ?
  • Voyait-elle en moi mon père ? Qui était-il ?
  • Comment allais-je grandir sans père ?

Dans toutes les coulées émotionnelles provenant de la rivière des épreuves de vie, on peut y contempler le reflet de transformations et de forces qui sous-tendent notre être profond.

J’ai donc grâce à mon cadre familial pu développer certaines forces. Bien sûr cette liste est très loin d’être complète mais c’est une première réflexion que je vous encourage à mener pour prendre la mesure de votre chemin intérieur 🙂

Les apports d'une famille pas comme les autres (1).png

Les apprentissages de mes épreuves familiales

Ces périodes de questionnement ont développé du coup une facilité de remise en question. Je me remets très facilement en question quand je vis une épreuve.

Apprendre à se sécuriser intérieurement

En revanche je sens que ma sécurité intérieure est encore parfois fragile.

J’ai ressenti pendant très longtemps un sentiment d’insécurité car non seulement je n’avais pas de père, mais mon ex beau-père ne jouait aucunement le rôle de “garde-fou paternel”. Je n’ai d’ailleurs pas eu la chance d’avoir un grand-père m’ayant donné une image d’identification paternelle solide et fiable, une source de réconfort en somme.

Cela a crée chez moi de profondes remises en question, des peurs terribles quant à mon avenir. Je sais que maintenant je suis constamment dans la prévoyance parce que je sais pertinemment que je n’ai pas de filet familial en cas de coup dur.

Je sais que je dois redoubler d’effort pour me construire mon avenir et ne compter que sur moi-même (je suis chemin de vie 1 ça tombe bien !)

Du coup j’ai appris à ne rien attendre finalement, et aller chercher les choses en les provoquant par moi-même !

Peut-être que toi aussi tu ressens ce sentiment d’insécurité après les choses que tu as pu vivre.

Voici donc quelques conseils qui j’espère t’aideront à retrouver ta sécurité intérieure comme je construis la mienne chaque jour ….

Il est temps de retrouver ta sécurité intérieure.jpg

conseils pour retrouver sa sécurité intérieure

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Trouver la force de créer sa propre histoire familiale dans la lumière des expériences

Accepter d’avoir une famille différente et se départir de sa culpabilité

Il est important je pense d’accepter sa famille comme elle est. Votre famille n’est pas stable ? Elle n’est pas aussi aimante que vous le souhaitez ? Il y a trop d’histoires fatigantes en son sein ? Alors acceptez que votre histoire familiale soit celle-ci. Ne pas l’accepter vous ferez dépenser une énergie inutile, vous ferez également souffrir en essayant de changer des choses profondes qui ne sont pas de votre ressort, car chacun est responsable de lui et chacun détient la force de changer sa vision et ses habitudes de pensées et de vie. Vous ne pouvez le faire pour personne d’autres à l’exception de vous !

Il est je pense important de se dire que l’on peut faire autrement, que l’on peut créer une famille qui aura des racines différentes de celles qui ont nourri notre enfance.

Je pense qu’il faut pardonner à sa famille et essayer de comprendre pourquoi elle est comme cela aujourd’hui. La compréhension est la meilleure amie du pardon.

Puis une fois que l’on a compris et pardonné on pourra alors créer un sentiment d’acceptation et de lâcher-prise sur son histoire familiale et alors viendra le soulagement et la libération.

“ok je ne pourrais rien y changer, par contre je pourrais faire en sorte de faire différemment, je peux changer mon regard sur mon histoire familiale et m’offrir la liberté de me construire en dehors de tout cela, en dehors de la colère ou de l’incompréhension dévastatrice pour mon bonheur “

Lecture inspirante

Je te conseille cette lecture de Mary-Laure Teyssedre qui est une énergéticienne et que j’ai beaucoup aimé feuilleter. Il est plein d’exercices concrets, de conseils et de techniques pour nous aider à nous centrer au quotidien. Il est très agréable à lire et accompagnera en douceur vos soirées 🙂

Découvrir ce livre

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Finalement, le plus important est de pouvoir renverser nos douleurs en merveilleuses opportunités d’apprentissages et de croissances intérieures.

C’est ce que je me dis au quotidien quand une nouvelle tempête éclate dans les terres de ma famille !

Je vous souhaite de tout cœur de trouver la force de pardonner votre famille, et d’avancer lumineusement sur votre sentier de vie !

Prenez soin de vous

9 Comments

  • Sandrine dit :

    Bien que l on pardonne …notre futur se construit de ses blessures ..le choix de métier n est pas anodin.
    Le temps passe est le vrai pardon , le véritable pardon arrive avec la vieillesse…

    • Les aventures vertes de Sophie dit :

      Merci pour votre mot Sandrine ???? Je pense que le vrai pardon arrive quand cela est le bon moment pour soi, au rythme de ses prises de consciences et de se que l’on vit ⭐ Je suis persuadée qu’il peut arriver à n’importe quel âge ????

      Douce et belle soirée à vous

      Sophie

  • Lidy dit :

    Merci pour ton partage, Sophie, qui me touche et résonne fort avec mon propre vécu. Il y a quelques jours je parlais d’ancrage, d’énergétique … et de Mary-Laure justement, belle synchronicité ! Je t’envoie plein d’ondes positives pour illuminer ton chemin

    • Les aventures vertes de Sophie dit :

      Bonjour Lidy, merci pour ton message et tes jolies ondes positives ! Je suis certaine qu’il n’y a pas de hasard 🙂 Au plaisir de te lire ici 🙂

  • Marie-Solange MARECHAL dit :

    Bonjour Sophie, je me doutais que ce n’était pas facile pour toi car un jour sur instagram tu as fait allusion vis à vis de ta maman. Je viens de me poser alors que je suis seule aujourd’hui pour me rappeler de revoir au calme ton dernier article. Si tu n’en avais pas parlé on imaginerait pas un tel passé pour toi. Tu es si douce, si pleine de joie, de positivité et tout le reste. En lisant tes propos je me dis que j’ai moi aussi eue beaucoup de chance car ma vie a été plus douce côté famille. Je te souhaite de construire ta propre famille avec tous les souhaits qui vont avec. Déjà un chéri c’est énorme et il me semble que tu en as un. Tu es une personne si sensible, en lisant tout ça j’aimerais te faire un gros câlin bien réconfortant. Que la vie devienne douce pour toi et pour vous. Vous le méritez comme tout le monde. J’imagine que ce n’est pas facile d’expliquer tout ça sur un blog. Et en même temps ça peut aussi soulager et tu as bien fait de franchir le pas.Moi tu m’épates par toutes tes connaissances. Dommage que tu n’habites pas Dijon. Je te souhaite plein de bonheurs et un fort sentiment de sécurité.

  • Lydie dit :

    Quel magnifique témoignage Sophie. On se construit de ses blessures et on en tire force, résilience et courage. Je ne peux que confirmer ton témoignage qui fait en quelque sorte écho au mien, moi qui n ai plus aucun contact ni avec mon père, ni avec ma mère. Cela m’a valu des années de psychanalyse pour comprendre, me libérer, pardonner et remercier pour la personne que je suis devenue. Et puis nous avons en commun un métier d aide et de partage, je suis devenue addict au bonheur et happy thérapeute.

  • soleilla dit :

    On fait son propre chemin effectivement ; issue d’une famille toxique( mère perverse narcissique , beau père pédophile) j’ai longtemps pensé que je n’avais pas de chance et que ce serait toujours comme ça mais si dans l’enfance on subit , il arrive un moment où l’on peut choisir ; je suis sortie de l’emprise de ma mère et j’ai coupé les ponts ça a été dur car elle ne l’a pas accepté et les choses ont degénéré mais maintenant c’est loin tout ça ! j’ai longtemps cherché l’amour des autres( de n’importe qui) j’ai longtemps été trop gentille pour plaire et être aimé, pour remplir le vide et à l’aide d’une psychanalyse j’ai compris enfin que je pouvais m’aimer moi même sans l’attendre du premier venu et je suis enfin heureuse ; j’ai construit ma propre famille tout en me reconstruisant doucement il y a eu des moments de dépression , des moments où je me suis sentie seule et trahie . je, mène une vie simple les gens materialistes et superficiels qui veulent le pouvoir ne m’interessent pas

  • Nassera dit :

    MERCI

  • C’est fou comme je me reconnais. J’ai beaucoup souffert et souffre encore de la situation familiale. Petite j’étais comme toi, dans ma bulle, me preserver. Tu as tout bien expliqué. Par cette lecture, je reflechis et je vais d’ailleurs me l’ecrire… Je sais que toutes les difficultés m’ont forgé une identité que je protège par dessus tout. Hypersensible, bienveillante, empathique. Dès ma plus tendre enfance je me refugiais dans la nature, elle était est est encore ma Mère. Je meditais même dans ma chambre face à une bougie, en silence. J’étais et je suis toujours critiquée sur mes choix et valeurs. Aujourd’hui c’est sur l’ayurveda, yoga, et avant il y avait aussi le vegetalisme. Tout ce qu’ils ne connaissent pas. Dans la famille, se faire du bien est tabou. Leur philosophie ? “Il faut vivre pour travailler. On vit pour souffrir. Tu ne peux pas être heureuse ni t’amuser. Car dans la famille on a souffert.”. Sorte de jalousie ? J’ai toujours refusé d’y entrer. J’ai pris un parcours alors totalement different : litteraire, artistique, culturel, et desormais le vin. Avec mes valeurs ;). Merci pour ton texte, je vais relire et me permettre de m’elever davantage. Je suis très attentive et observe tout. Comme je ne connaissais que peu ou pas ma mere et sa famille, j’ai posé de nombreuses questions, depuis un an. J’ai tant appris… car je souffrais de ne pas les connaître. Et même ma mere ne connapit pas sa mere. Elle m’a donc transmis la même education et sans affection. Bref bref… On se cache, on ne dit rien. Mais moi, je ne suis pas comme ça, et l’ayurveda c’est moi depuis petite. Vois-tu, ils ne cessent de ne pas vouloir accepter mon être profond.
    Laureline

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